Page suspendue
Tu me regardes de loin, tranquille, sous un soleil brûlant.
Tu épies ma robe, mes cheveux, mes épaules.
Tu m’as fait venir jusqu’ici. J’eus l’impression de vivre
- Promesses, parfums, miracles en ton petit paradis.-
Ô mon élégie ! Ô ma poésie !
De nombreuses voix me parlent, me trompent.
Elles se tiennent tout près, en masse, sans langage ni visage.
Que savent-elles de ma peau, de mes membres, du tréfonds de ma gorge, de mon hiver, de mes amours et de mes retranchements ;
De mon ventre et de ses blessures étouffées, de mon sang, de mon germe, de cette flamme qui s’est élevée et des vents qui se sont mis à chanter ?
Grâce à elles toutes, je n’entends que la tienne.
Souveraine. Indomptable.
J’ai marché et j’ai désiré et j’ai supplié.
J’ai bu aux veines de ton sein vertigineux les images voilées de nos deux âmes.
Y a-t-il, en ce bas monde, demeure qui porte notre nom ?