Page suspendue
Souviens-toi ce navire que nous prîmes un soir d’abandon et de couronnement
Le ciel se teinta d’un sortilège pourpre qui se pencha sur nous d’ivresses et de parfums.
Quelle sentinelle têtue je fus des lueurs et des chimères !
Il me semble parfois que tu puisses t’éteindre à jamais
Et mon regard s’abreuve en pleurant, là où vacille le doux carillon du soir
Piété ardente, ô cœur sauvage !
Toujours, tu reviens comme lave coulante de la colline en frissons
Soupirante mémoire qui ne rougit pas (sauf à tendre la tête au sang déjà flétri)
Un seul lys à nos pieds quand nous contemplons dans les eaux sombres ton visage qui revient
Je dois vous dire qu’on ne part pas : on suscite et on exalte
Nul n’en aurait rien su
Si ma reddition n’eut été en sommeil et nos rameaux ne portant plus
Non, je n’aurai plus courage de cet amour.